5R: retour sur l’atelier Déchet
Le 28 novembre 2021, à l’Auberge de Jeunesse de Guillestre, s’est tenu un grand atelier participatif organisé pour parler de la délicate mais néanmoins capitale problématique des déchets.
Au total, une quarantaine de participants étaient réunis pour se rencontrer et échanger autour de cinq enjeux majeurs de la gestion des déchets sur le territoire.
L’état des lieux
Le désaccord fécond permet aux idées de ne plus s’opposer mais de s’additionner.
« Refuser, Réduire, Réutiliser ou Réemployer, Recycler et enfin Rendre à la terre ». Voici les « 5R » sur lesquels le Média des Acteurs en collaboration avec le PETR et la SMITOMGA ont travaillés en amont pour donner à penser aux participants qui ont eut l’après-midi pour se rencontrer et réfléchir, ensemble, à ces sujets. Les cinq grands panneaux explicatifs qui encadrent la salle sont clairs et bien détaillés : ils définissent les actions et recensent les initiatives déjà présentes dans le nord des Hautes-Alpes. En présentant le déroulement de l’après-midi, les animatrices impliquées et investis mentionnent le besoin de « désaccord fécond » qui permet aux idées, non plus de s’opposer, mais de s’additionner. Le ton est donné et après quelques animations pour apprendre à se connaître ou se reconnaître les uns les autres, chacun s’installe à une table pour commencer à se pencher sur la thématique assigné à son groupe de travail.
1. Refuser les déchets
Quand l’animatrice du PETR présente cette thématique, elle précise bien qu’il n’est pas question de simplement dire « NON » aux déchets et regarder ailleurs mais bien de les éliminer avant même qu’ils n’entrent dans le processus de fabrication, donc avant qu’ils n’existent. Par exemple tous les emballages superflus ou bien simplement la publicité qu’on retrouve en excès dans nos boîtes aux lettres. A ce propos, un participant propose même d’inverser complétement la tendance et de partir du principe que personne ne souhaite recevoir de publicité non-sollicitée dans sa boîte aux lettres et de transformer les petites étiquettes « Stop Pub » en « Oui à la pub » seulement pour ceux qui souhaiteraient en recevoir.
2. Réduire les déchets
Comment ? Grâce, entre autres, à la consigne. Car, depuis la loi anti-gaspillage du 10 février 2020 « tout consommateur final peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté. Un affichage en magasin informe le consommateur final sur les règles de nettoyage et d’aptitude des contenants réutilisables. Dans ce cas, le consommateur est responsable de l’hygiène et de l’aptitude du contenant. Le commerçant peut refuser le service si le contenant proposé est manifestement sale ou inadapté » (article L. 120-2 du code de la consommation).
3. Réutiliser ou Réemployer
Deux solutions : sortir les objets de la case « déchet » pour leur donner une seconde vie, ou leur éviter directement le passer par la benne.
Je suis perdu, quelle est la différence entre réutilisation, réemploie et recyclage ?
La différence entre réemploi, réutilisation et recyclage est liée au statut et à l’usage de l’objet réemployé ou réutilisé.
Le réemploi est une opération qui permet à des biens, qui ne sont pas des déchets, d’être utilisés à nouveau. Sans qu’il n’y ait de modification de leur usage initial : une porte reste une porte.
La réutilisation est une opération qui permet à un déchet d’être utilisé à nouveau en détournant éventuellement son usage initial : une porte devient une table.
Enfin, Le recyclage est l’opération par laquelle la matière première d’un déchet est utilisé pour fabriquer un nouvel objet : une porte devient du bois à brûler.
Source : cycle-up.fr
4. Recycler le reste
« On commence à connaître ! » lance un participant. En effet, sur le territoire, les opérations de recyclages commencent à se répandre comme l’initiative du SMITOMGA qui propose d’accompagner les organisateurs d’événements qui s’engagent pour des manifestations plus eco-responsables. Mais il y a aussi quelques informations utiles à glaner qui sont, malheureusement, moins célèbres. Par exemple, l’existence des filières « REP » ou à « Responsabilité Élargie des Producteurs ». L’idée est simple : transférer la responsabilité (et donc le coût) du recyclage des déchets aux producteurs qui les créent. Une façon qui pourrait s’avérer efficace pour, si ce n’est simplement prendre conscience de ce que demande comme investissement financier le recyclage, mais surtout sensibiliser à la racine ceux qui peuvent encore décider de passer à l’éco-conception.
5. Rendre à la terre le compostable
Celui-là, c’est facile tout est dit dans l’intitulé. Il suffit de ne pas être trop « écoeuré par les éléments en décomposition »… petit tour de salle. Personne ne semble se manifester, alors c’est partie pour le compost !
Une fois l’état des lieux terminé, les participants comprennent mieux où tout cela va les mener : à discuter et avancer ensemble en s’appuyant sur ces bases de réflexion. Mais puisqu’il n’est jamais évident de créer l’émulsion intellectuelle autour d’une idée, quant bien même partagée de tous, les animateurs de cette journée, pleine de surprises, ont prévu le coup et invitent les participants à se regrouper en pôles de réflexion pour débuter le « World Café ».
World Café : les règles du jeu
But :
- Faire dialoguer un large groupe de personnes (qui se connaissent ou non) en permettant à chacun de s’exprimer et d’être entendu.
- Générer des idées, partager des connaissance, stimuler une réflexion novatrice et analyser les possibilités d’action par rapport à des sujets et des questions de la vie quotidienne.
Déroulement :
- Chaque table sera porteuse d’un sujet sur lequel réfléchir en petits groupes. Le 28 novembre, il y avait trois pôles : A/ Refuser et réduire B/ Réutiliser et Réemployer C/ Recycler et Rendre à la Terre
- Quatre temps d’échange sont prévus : un temps pour parler de l’état des lieux, un temps pour parler des freins rencontrés sur le territoire, un moment pour évoquer les petits pas qui pourront être fait demain et enfin un instant pour rêver à la situation idéale. Parfois, le public des World Café est invité à se déplacer et à naviguer entre les tables et les thématiques. Il a été choisit de ne pas faire ainsi lors de l’atelier Déchet afin que les participants puissent approfonfir sur une thématique.
- En fin de séance, les groupes de rejoignent et un porte-parole de chaque groupe présente le bilan par thématique pour qu’une synthèse puisse être réalisée (disponible sur le site du Média des Acteurs concernant cet atelier Déchet).
Qu’est-ce qu’une réunion à caractère écologique ?!
Pour commencer, il faut observer les petits papiers : si les post-it fournis sont coupé en deux pour être économisé, si les feuilles sont déjà écrites au verso parce qu’elles viennent du brouillon, si certains crayons sont déjà mâchouillés et que les stylos ne sont pas neufs mais dépareillés, alors on peut en conclure que certaines petites bases sont déjà acquises.
Et puis aussi, il faut tendre l’oreille car ce sont dans des moments pareils que l’ont peut être témoins d’autant d’idées folles, de concepts bricolés, d’images presque magiques et d’évidences qu’on n’entendra jamais assez tant que les choses n’auront pas suffisamment changées …
Florilège en vrac :
- « Il faudrait réutiliser les bateaux qui ne peuvent plus naviguer pour en faire des piscines !«
- « Et si on louait des kilomètres de pneus plutôt que des camions entiers ?«
- « Est-ce que on peut rajouter: »faire enfin payer leurs impôts à Amazon » dans la partie rêves ? »
- « Avoir du temps, c’est vague, mais c’est important«
- « Allez voir la vidéo du mec qui fait de la lumière avec des bouteilles d’eau, c’est absolument génial ! «
- « Tout ça manque de volonté politique, il faudrait éduquer nos élus … heu, non, pardon … les sensibiliser déjà pour commencer«
- « C’est dommage de constater qu’il y a parfois plus d’incitation au recyclage que de démarches préventives à la surproduction de déchets. »
- « Il faut une véritable évolution des comportements.«
Les participants se sont enrichis de rencontres et d’espoir pour certains, d’autres ont malheureusement déploré cet entre-soi récurrent qui semble malheureusement inévitable dans notre région quand il s’agit de plancher sur ce genre de questions.
Écrit par Julie Lefebvre, bénévole au Comptoir des Assos.
Cette contribution bénévole a été recueillie dans le cadre de la formation « Écriture journalistique » et des animations « Déchets » proposées par l’équipe du Comptoir des Assos.